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📖 Texte
– Sam ? Sam ?
Son nom résonnait dans son crâne comme un écho lointain dans le blizzard. Ses oreilles bourdonnaient. Sam semblait avoir perdu toute volonté. Son corps ne répondait plus et son esprit était absent. La voix répéta son nom plusieurs fois et Sam voulut ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient comme scellées. Malgré cela, il fut rassuré par cette voix qu’il connaissait bien. C’était la voix d’Alice !
– Je crois qu’il revient à lui, dit Alice avec espoir.
– Bien, ajouta une autre voix féminine qui cette fois lui était inconnue. Donnez-lui ça quand il aura repris ses esprits. Ça l’aidera à être à nouveau sur pied.
Alice chuchota à l’inconnue :
– Je ne comprends pas. Qu’est-ce qu’un détraqueur faisait dans les parages ? C’est dangereux, surtout pour un moldu qui ne peut pas le voir !
– Je l’ignore aussi, répondit l’autre voix. Mais une chose est sûre, je vais le reporter aux Aurors.
– Détraqué, aurore, de quoi vous parlez ? demanda Sam d’une voix faible.
– Sam ! s’exclama Alice en le retenant par les épaules. Ne te lève pas si vite !
Elle incita Sam à reprendre sa position allongée sur les deux sièges. Mais elle se cogna la tête contre la vitre du bus qui avait pris un soudain virage à la corde. Elle jeta un regard noir vers le chauffeur puis vit Sam, allongé, sur le point de retomber dans les pommes. Mais ses yeux étaient enfin ouverts, habitués à la lumière.
– Sam, je crois que je te dois quelques explications, dit-elle d’une voix embarrassée.
Elle lui donna un carré de chocolat et Sam accepta avec plaisir.
– En ce moment, j’ai du mal à dissocier les rêves de la réalité. Je suis actuellement en train de rêver, pas vrai ?
Alice baissa les yeux, comme un enfant qui aurait fait une bêtise.
– Non, dit l’autre voix. Tout est réel.
La voix inconnue appartenait à une femme de la cinquantaine aux cheveux grisonnants et au regard perçant. Elle avait une voix très assurée.
– Je m’appelle Ariane Lunargent. Je comprendrais que vous n’acceptiez pas tout ce que nous allons vous dire, mais vous devez nous faire confiance.
– On ne va pas tourner autour du pot, dit Alice. Sam…
Elle prit une profonde respiration.
– Tu es un sorcier.
Sam étouffa un petit rire railleur, mais sous le regard sérieux d’Alice et d’Ariane, il perdit aussitôt le sourire. Pendant un instant, Sam avait pensé à une blague. Mais à mesure qu’il se souvenait de toutes ces choses étranges qui étaient survenues ces derniers temps, il était maintenant quasiment convaincu qu’elles disaient une vérité qu’il n’avait jamais voulu accepter. Sa rationalité lui criait gare tandis que son cœur lui disait doucement à l’oreille de les croire. Alors, curieux mais sceptique, Sam leur demanda :
– Vous pouvez m’en dire plus ?
– Par où commencer ? fit Alice en regardant autour d’elle. Nous sommes actuellement dans le Magicobus. C’est un bus que seuls les sorciers et sorcières peuvent voir. Il est invisible aux yeux des moldus et très rapide !
– Nous allons nous préparer pour la rentrée à Poudlard, l’école de sorcellerie, expliqua Ariane. Je serai votre professeure de métamorphose cette année.
– Le Rapeltout que je t’ai offert est un objet magique, ajouta Alice fièrement, ce n’est pas une babiole de moldu.
Sam détourna les yeux quand Alice mentionna le Rapeltout car il se sentait toujours coupable de l’avoir perdu. Mais ce n’était pas le moment de le lui dire, il avait beaucoup trop de questions.
– Poudlard, moldu, répéta Sam. J’ai déjà entendu ces mots quelque part… Oui ! Ils viennent tous de ton roman !
Ariane regarda Alice avec admiration.
– Vous lui avez vraiment dit que tout ça était issu de ton imagination ? C’est brillant !
Les oreilles d’Alice devinrent rouge vif. Elle expliqua comment elle souhaitait que son meilleur ami ne soit pas complètement ignorant du monde des sorciers tout en ne lui avouant pas que tout est réel. Alice ajouta qu’elle n’avait pas le droit de le lui révéler encore. Il n’était pas prêt.
Soudain, elle poussa un cri et recula de la vitre où elle était appuyée. A l’extérieur, une ombre drapée d’une cape rapiécée suivait le bus à la trace. La créature n’avait pas d’yeux mais malgré cela, Sam ressentait sa frustration de ne pas avoir consommé les souvenirs heureux de sa proie. Comme un prédateur ayant jeûné pendant des mois, l’horrible monstre allait tout faire pour arrêter ce bus et finir son travail.
– Et ça, c’est un détraqueur, ajouta Ariane d’une voix sombre. Ils se nourrissent de la peur et des souvenirs heureux de ses victimes. Ce n’est pas normal, un détraqueur devrait être en train de garder Askaban.
– Askaban ? demanda Sam.
– Askaban est une prison qui renferme les sorciers et les sorcières les plus dangereux, expliqua Ariane.
– Savez-vous invoquer un Patronus, Mme Luneargent ? demanda Alice.
– Oui, répondit Ariane. Mais j’ai une meilleure idée.
Soudain, les lumières s’éteignirent et le bus ralentit petit à petit jusqu’à s’arrêter. Les vitres se recouvrirent lentement de gel et la porte arrière s’ouvrit en grand. Le détraqueur s’y engouffra. Mais les passagers avaient disparu.
📚 Le mot du jour
Définition : Le Magicobus désigne un bus magique, visible uniquement par les sorciers.
Étymologie : Ici, Jean-François Ménard a complètement laissé tomber le jeu de mot Knight/Night, ainsi que le sens de Knight Bus comme « bus venant en détresse aux sorciers égarés durant la nuit », et propose un mot valise contenant les unités « magique » et « bus ». La forme du néologisme français est efficace et se fonde sur d’autres mots valises semblables qui se sont installés dans la langue française, comme « bibliobus », par exemple.
🤔 Vrai ou faux ?
1- Sam a seulement reconnu Alice après avoir ouvert les yeux.
2- Sam pense que tout ça n’est pas réel, ce n’est qu’un rêve.
3- Ariane est une adolescente comme Sam et Alice.
4- Ariane pense que ce n’était pas une bonne idée de faire croire à Sam que tout ça était imaginaire.
5- Le détraqueur a réussi à entrer dans le Magicobus.
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